Malgré la crise sanitaire, et le premier confinement qui a perturbé le calendrier initial, les formations expérimentales « Ouvrier du génie écologique » (OGE), mises en œuvre dans les centres de formation Afpa de Lorient, de Marseille-La Treille et de Perpignan-Rivesaltes, dans le cadre du dispositif « Incubateur » de la DGEFP, se sont déroulées entre septembre 2019 et aout 2020.
Les entreprises du génie écologique et les organisations professionnelles partenaires – UNEP et UPGE – ont travaillé tout au long du projet avec le centre d’ingénierie du BTP (CIBTP) de l’Afpa et les centres de formation afin de répondre au mieux aux besoins en compétences des entreprises.
L’heure est maintenant au bilan, et aux enseignements tirés de cette expérimentation, dont l’objectif central était de vérifier la pertinence de la création d’une certification professionnelle de niveau 3 attestant des compétences requises pour les ouvriers qualifiés travaillant au sein d’une équipe de travaux en génie écologique. 18 bénéficiaires ont été formés, 15 se sont présentés à la session d’examen, et 13 ont validé l’ensemble des Certificats de Compétences Professionnelles (CCP) constitutifs du projet de Titre Professionnel (les deux autres candidats ont validé une réussite partielle avec chacun 2 CCP sur 4). Ils se sont vu remettre une attestation de compétences et pourront prétendre à la validation du Titre Professionnel si celui-ci est créé à l’issue de la présentation du bilan en commission.
Les jurys d’examen étaient constitués à minima de deux professionnels, avec un profil idéal de chef d’équipe ou chef de travaux en génie écologique. Les responsables et salariés des entreprises partenaires, qui ont déjà accueilli les ingénieurs de formation de l’Afpa, les formateurs, ou les stagiaires, se sont là encore rendus disponibles en tant que membres du jury. Leurs retours sur la session d’examen ont été une aide précieuse pour finaliser le référentiel d’évaluation du projet de titre OGE.
Trois réunions bilans ont été organisées en régions par les Direccte et les Directions Régionales de l’Afpa, en présence d’entreprises partenaires. Ces dernières ont exprimé leur satisfaction de la formation et des compétences acquises par les stagiaires, qui correspondent à leurs besoins. Les très bons résultats de placement dans l’emploi illustrent cette satisfaction, puisque 13 des 15 stagiaires s’étant présentés à la session d’examen sont aujourd’hui (février 2021) en emploi dans le secteur du GE. Trois d’entre eux, ayant une expérience préalable en gestion d’entreprise, viennent de créer une SCOP de travaux de génie écologique en Occitanie (Génie écologique Occitanie (GEO)).
Trois réunions de travail ont eu lieu après les sessions d’examen, avec 10 entreprises partenaires, afin de finaliser l’écriture du « Référentiel Emploi Activités Compétences » (REAC). Parmi les enseignements apportés par cette expérimentation, l’organisation de l’emploi-type proposée dans le REAC, en 4 blocs (« activités-types »), correspondant à des milieux d’intervention différents (cours d’eau, prairies et zones humides, forêt), ne s’est pas avéré être une modélisation précise de l’emploi. Il a donc été décidé de réorganiser les compétences en 2 blocs de 4 compétences, mais sans modifier la nature des compétences validées par les professionnels lors de l’expérimentation. Ces 2 blocs correspondent chacun à une activité type des entreprises du génie écologique : d’une part, la restauration écologique de milieux dégradés (naturels ou anthropisés), et d’autre part le maintien de l’écologie de milieux fonctionnels menacés de dégradation (espèces envahissantes, fermeture du milieu par la végétation herbacée ou ligneuse, fréquentation du public).
Le nouveau REAC a été également rédigé à l’aune de la diversité géographique et biologique du territoire français, qui induit des problématiques écologiques diverses, et donc des ouvrages pour y répondre tout aussi variés. Les enseignements tirés des précédentes expérimentations sur le secteur, notamment sur l’ile de la réunion de 2013 à 2016, ont été pris en compte. Chacune des 8 compétences du nouveau REAC peut être exercée quelles que soient la zone biogéographique (ou le biôme, ou l’écozone, selon la classification écologique retenue) d’intervention et les techniques utilisées, répondant ainsi aux besoins des entreprises de l’ensemble du territoire national.
Un groupe de travail de la DGEFP se réunira prochainement, en présence de l’Afpa et des partenaires de l’incubateur, afin d’émettre un avis sur la création du Titre Professionnel « ouvrier du génie écologique ».
En conclusion, le rédacteur de cette note et chef de projet de l’incubateur pour le CIBTP tient à souligner l’importance de l’implication des entreprises, ainsi que l’UNEP et de l’UPGE, en amont, pendant et après la formation. Leur disponibilité pour les stagiaires, les formateurs et les ingénieurs de formation a été essentielle pour la réussite de ce projet.
Romain ABD-EL-KADER
Ingénieur de formation, chef de projet de l’incubateur « Génie Ecologique », Centre d’ingénierie du BTP, Afpa