Comment prédire les déplacements journaliers des espèces animales lors de leurs activités de chasse ? Différentes études ont amené TerrOïko à développer un module de modélisation spécifique, intégré à son simulateur des dynamiques écologiques SimOïko. Il est notamment utilisé dans l’analyse des impacts de parcs éoliens ou photovoltaïques sur les espèces volantes.
Des simulations qui s’appuient sur la méthode du « Central Place Forager »
Le fonctionnement de ce module est basé sur les principes du « Central Place Forager » (CPF), un modèle écologique qui permet d’analyser les comportements de recherche de nourriture chez les espèces qui rapportent au nid ou au terrier le produit de leur chasse. Leur stratégie de chasse est guidée par un objectif d’optimisation du taux de prédation, de manière à minimiser le rapport entre l’énergie dépensée pour chasser et l’énergie récupérée par l’alimentation.
Les déplacements réalisés dans ce cadre comprennent un voyage aller du « nid » vers la zone de prédation, un parcours de chasse proprement dit, puis un retour au « nid » dès lors que l’individu a capturé sa proie ou a parcouru sa distance maximale journalière. Cette simulation repose sur plusieurs types de données :
- la localisation des nids, des gîtes ou des terriers
- les connaissances scientifiques relatives aux comportements de déplacements de l’espèce en situation de chasse
- la densité de proies des habitats parcourus
- « l’appétence » de l’espèce vis à vis des habitats de chasse, traduite par la perméabilité de ces habitats (facilité de déplacements)
- les taux de réussite à la prédation, liées aux capacités de chasse intrinsèques des populations étudiées et à la densité de proies des habitats parcourus
En sachant où les individus sont le plus susceptibles de rechercher leur nourriture, il devient alors possible de réaliser un grand nombre d’analyses. TerrOïko utilise notamment cette méthode en étude d’impact de projets de parcs éoliens ou photovoltaïques.
L’exemple des études d’impact d’infrastructures d’énergies renouvelables
Les panneaux solaires peuvent par exemple entraver le repérage et la capture des proies au sol chez les rapaces. En effet, en rendant le sol invisible depuis les airs, ils diminuent d’autant la surface des territoires de chasse, ce qui peut accroître le coût de l’activité de chasse pour les espèces, et ainsi réduire leurs probabilités de maintien sur le territoire.
Dans le cas des éoliennes, les simulations de déplacements permettent de connaître le nombre de passages probables d’individus dans la zone de rotation des pales, et donc d’estimer le risque de collision et la mortalité associée. Cela rend possible, par exemple, la comparaison de divers scénarios d’implantation, l’évaluation des impacts cumulés de plusieurs parcs éoliens, ou encore l’évaluation de l’efficacité de diverses mesures de compensation.
Un projet récent a porté sur l’évaluation des effets de la mise en place d’un système d’effarouchement sur des mâts éoliens. Ce type de dispositif repose sur la détection automatique des individus volant à proximité des éoliennes. Le système est d’abord chargé de les faire fuir par des stimuli sonores, puis il provoque le ralentissement voire l’arrêt de la rotation des pales si les individus continuent de se rapprocher des mâts. Un tel dispositif peut donc avoir un impact sur le fonctionnement et la productivité du parc éolien, et ce d’autant plus si ce dernier est implanté dans des zones à forte fréquentation d’avifaune.
Dans ce cas, la simulation permet d’estimer :
- le risque de collision avec et sans système d’effarouchement
- le nombre de déclenchements des systèmes d’arrêt de rotation en fonction de divers scénarios d’efficacité de l’effarouchement
- la perte de chiffre d’affaire liée à l’arrêt de la production d’énergie
Christophe Plotard,
chargé de communication et marketing
Denis Maréchal,
chargé d’études
