Restauration de cours d’eau, suivi et retour d’expérience.

Le bureau d’études ALTHIS a réalisé la maîtrise d’oeuvre et le suivi du chantier de restauration du cours d’eau de Kermelin. Bilan trois années après les travaux…

Dans le cadre de son Arrêté préfectoral d’extension de la carrière de Grand-Champ obtenu en 2012, le Groupe CMGO a eu dans l’obligation de mettre en œuvre plusieurs mesures compensatoires autour de la gestion de l’eau. Une des mesures d’accompagnement consiste en la restauration de 400 mètres linéaires de cours d’eau en tête de bassin versant, celui-ci ayant été recalibré et faisant office de drain des parcelles humides contiguës. ALTHIS a eu en charge l’ensemble du suivi des mesures sur la carrière et a assuré la maîtrise d’œuvre de l’ensemble des travaux.

L’objectif de la restauration sur la gestion de l’hydraulique du secteur était triple : (1) renaturer le cours d’eau par reméandrage et création de seuils pour l’hydrodynamisme, (2) assurer une connexion avec les eaux d’exhaure de la carrière permettant un soutien d’étiage permanent (quatre litres par seconde constants) et en période de crue d’alimenter les zones humides et les mares proches et (3) augmenter la capacité d’accueil du cours d’eau. Ce cours d’eau était alors temporaire et peu biogène (support de vie). Il a montré cependant à plusieurs reprises la présence effective de juvéniles de truite (Salmo trutta).

Trois grandes étapes ont été nécessaires afin de mener à bien l’opération.

Étape 1 : rédaction du cahier des charges spécifique et préparation du chantier.

La problématique principale était la pente très faible à 0.4%. Pour assurer un écoulement cohérent avec la dynamique hydraulique souhaitée, un méandrage conséquent, avec des risbermes (banc alluvial artificiel) et par déplacement du lit mineur, a été nécessaire. Une recharge générale et un resserrement des berges ont aussi été jugés indispensables, permettant les débordements en phase de crue. De plus pour favoriser l’installation et la remontée du poisson, plusieurs seuils ont dû être positionnés stratégiquement et des caches aménagées (pierres et souches).

Autre problématique, l’ensemble de la restauration a été réalisé avec des matériaux concassés issus de la carrière, ce qui a demandé, au regard des aménagements prévus, de nombreux allers-retours sur des zones à faible portance. Il a donc fallu pour finir, trouver un bon pelleteur !

Étape 2 : la réalisation.

Les travaux se sont déroulés durant le mois de septembre 2014. Le ruisseau était à sec. Après l’élagage des arbres pour la circulation des engins, une première phase de rechargement du lit mineur a été réalisée avec de la terre hydromorphe issue des travaux d’extension de la carrière. Ensuite, une couche de concassé (20-40 mm) a été déposée sur la majorité du linéaire à restaurer. Au total, 9 seuils, 15 risbermes, 25 caches et 7 méandres ont été créés.

La rigole d’alimentation du cours d’eau par les eaux d’exhaure a été créée plus tardivement, durant l’hiver 2014-2015.

Étape 3 : le suivi.

L’hiver 2014-2015 a été pluvieux et les aménagements ont pu montrer leur efficacité. L’inertie globale du cours d’eau avec les alternances de faciès lentiques (plats) et lotiques (courants) fut optimale et amplifiée par les seuils et les risbermes. Aucune érosion régressive n’a été visible.

Cependant quelques dysfonctionnements sont apparus une fois le cours d’eau mieux stabilisé les années suivantes : sur certaines portions le cours d’eau était trop large, limitant en période d’étiage le bon fonctionnement des zones de courants. Un seuil en partie aval était trop haut avec un changement de lit du cours d’eau. Avec l’accord du maître d’ouvrage, une opération de rectification a alors été menée en 2017 pour effacer les désordres repérés. Celle-ci fut beaucoup moins lourde avec une intervention principalement manuelle.

Septembre 2014 – État initial – Crédit ALTHIS

Septembre 2014 – À la fin des travaux – Crédit ALTHIS

Décembre 2014 – Quelques mois après le chantier – Crédit ALTHIS

Janvier 2016 – Deux années après les interventions – Crédit ALTHIS

Bilan de l’opération

L’évolution du cours d’eau est suivie régulièrement depuis sa restauration en 2014. En 2017, trois ans après la restauration, les objectifs sont clairement atteints et le soutien d’étiage est assuré. Les débordements hivernaux assurent la bonne évolution des zones humides et l’alimentation des mares. D’un point de vue hydraulique l’opération est une réussite.

Un suivi ichtyologique est de plus réalisé par ALTHIS chaque année. Cependant, à ce jour aucune truite n’a été identifiée. Par contre, pour compléter cette approche, une analyse ADNe (ADN environnemental) a été réalisée en 2017 sur le cours d’eau. On a ainsi pu constater que le vairon (Phoxinus phoxinus) et la loche franche (Barbatula barbatula) ont recolonisé le cours d’eau plus vite que la truite. Leur résilience semble meilleure. L’anguille (Anguilla anguilla) est aussi présente potentiellement (faible réplication de l’ADN), le barrage en aval du cours d’eau est donc transparent.

Au regard de ces premières observations et des rectifications réalisées en 2017, nous sommes persuadés que le suivi 2018 nous promet de jolies surprises.

Romain CRIOU
Gérant d’ALTHIS

 

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