Regard d’expert de Romain Comas : « Résilience et renaturation, les nouveaux boosters de la compensation (et du génie écologique) »

Rivière Environnement ©

Gérant de Rivière Environnement, un bureau d’études écologue, Romains Colas nous partage son regard d’expert sur l’évolution de la compensation écologique en lien avec les politiques de désartificialisation.

« Le génie écologique évolue en parallèle de la demande sociale traduite notamment par l’actualité politique et juridique et par la naissance (ou la remise au goût du jour) de concepts.

Le sujet de la compensation environnementale est aujourd’hui clairement devenu un moteur majeur de l’ingénierie écologique. Si l’on ajoute à cela l’échos acquis dernièrement par le concept de « résilience » (toutefois plus large que le seul sujet écologique), par les divers acteurs de la sphère politique ou technique, et le concept de renaturation, également de plus en plus en vogue, on peut alors se convaincre d’un avenir radieux pour l’ingénierie écologique.

Cet avenir associera de plus en plus les architectes paysagistes. En effet, la renaturation appliquée à la ville impliquera, d’une part, la désimperméabilisation des sols et la recréation de couverts végétaux locaux et adaptés où cela est possible (tâche d’ailleurs difficile puisque l’on souhaite aussi densifier la ville : quel équilibre trouver ?). Elle impliquera, d’autre part, la végétalisation généralisée et intégrée du bâti sur laquelle on ne pourra probablement pas faire l’impasse pour une adaptation (heureuse, qui sait) au dérèglement climatique.

Cette dynamique amènera probablement le concept de « sobriété » à entrer lui aussi dans la cour des grands prochainement. Le législateur l’a bien compris et souhaite en être un fer de lance. La loi climat et résilience du 22 août 2021 qui vient de consacrer le principe de Zéro Artificialisation Nette à horizon 2050 dans l’ordre juridique national va tendre à un changement majeur dans la façon de penser l’aménagement du territoire.

Ce principe va également amener à transformer radicalement la compensation écologique et ce, probablement bien plus rapidement qu’en 2050. Aujourd’hui pratiquée à moindre coût essentiellement sur des espaces naturels ou agricoles plus ou moins dégradés pour restaurer des zones humides ou des milieux de vie d’espèces protégées, la compensation sera amenée demain à globaliser différents enjeux réunis par l’objectif de non-artificialisation : les enjeux environnementaux, mais également les enjeux agricoles et sylvicoles, dont les compensations sont aujourd’hui difficiles à suivre. Cette compensation globale remplacera des espaces artificialisés par des espaces de « nature » aux fonctionnalités multiples, à redonner vie à des sols bétonnés.

La recréation de nature où elle est absente est la prochaine étape clé du génie écologique. Elle sera techniquement et financièrement plus compliquée et nécessitera donc un probable besoin de planification à une échelle territoriale à définir, mais la dynamique pointe et notre rôle n’en sera que plus renforcé et valorisant. »

Romain Comas
Gérant, Rivière Environnement

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