Initié par le Syndicat mixte des gorges du Gardon et associé au Conservatoire d’Espaces Naturels Occitanie, le projet LIFE Terra Musiva a pour objectif de renforcer la conservation de la biodiversité d’intérêt communautaire sur le territoire des garrigues gardoises.
Un volet vise à restaurer les milieux humides avec deux axes principaux :
- Lutte contre la fragmentation ;
- Continuité du réseau de mares.
La ZSC « Etang et mares de la Capelle » est constituée d’un important réseau de mares. Il abrite notamment une métapopulation de Triton crêté et de nombreuses espèces de Characées. L’étude, réalisée conjointement par MICA Environnement et Permalab, vise à améliorer la compréhension du fonctionnement hydrologique de ces mares ainsi que de l’Etang de la Capelle. Plusieurs mesures de restauration et de gestion ont ainsi été proposées afin de pérenniser ce réseau de mare.
La ZSC « Etang et mares de la Capelle » s’inscrit géologiquement au sein d’un synclinal. L’Etang de la Capelle occupe le cœur de ce synclinal tapissé par des alluvions quaternaires limoneuses et peu perméables. Il s’est mis en place au sein d’une vaste dépression qui reçoit les eaux d’un bassin versant endoréique d’environ 13 km². L’Etang concentre de nombreux enjeux faunistiques (avifaune, amphibiens,…) et floristiques (habitat 3170 : Gazons amphibies annuels méditerranéens).
Plus à l’Ouest, un petit plateau surplombe l’étang. Ce dernier, formé par des formations principalement sablo-gréseuses et argileuses a fait l’objet de nombreuses extractions de matériaux durant le siècle dernier. Les excavations résiduelles issues de ces extractions ont conduit à la formation d’un important réseau de mares aux dimensions variées (de quelques m² à plusieurs milliers de m²). Ce réseau abrite d’importantes populations de Triton crêté, à fort enjeu de conservation sachant que la population en place constitue la zone la plus méridionale de son aire de répartition.
Par ailleurs, ces mares sont également propices au développement des herbiers à Characées, habitat d’intérêt communautaire (3140) qui y est très bien représenté.
Un travail de synthèse des données bibliographiques et des reconnaissances terrain entre 2022 et 2023, ont permis de récolter une base données conséquente (bilan hydrique, mesures physico-chimique, géologie, investigations hydrogéologiques, pédologie, installations de sondes de mesure de niveau d’eau de 3 mares,…) permettant de mieux cerner le fonctionnement des mares et les niches écologiques :
- Les principales conclusions suivantes ont pu être tirées de l’étude concernant les mares du plateau :
Bien que les mares possèdent quasiment toutes un comportement d’assec temporaire, il existe plusieurs contextes d’alimentation pouvant co-exister : apport météoriques, apport du bassin versant et alimentation par la nappe superficielle ; - Le Triton crêté présente une niche écologique similaire aux écosystèmes de la moitié nord de la France avec des mares ayant les caractéristiques suivantes : superficie entre 25 et 100 m², profondeur entre 30 cm et 1m, faible turbidité, forte densité de mares, bonne oxygénation, période d’assec favorable, …) ;
- L’envasement et la présence de silice sont les facteurs expliquant la présence d’herbier à Characées. Ces deux paramètres traduisent un milieux pionniers (peu d’envasement) avec des eaux claires et oligotrophes (potentiellement influencées par les eaux de nappe chargées en silice).
Dans un second temps, l’amélioration de la compréhension du fonctionnement de ces mares a conduit à proposer des mesures de restauration de plusieurs mares du plateau (15 classées comme prioritaires) et à proposer des secteurs favorables à la création de nouvelles mares (5 secteurs identifiés). L’objectif prioritaire de ces mesures est de favoriser le maintien et le développement des populations de Triton crêté.
L’objectif secondaire est de favoriser la présence d’herbier à Characées. Par ailleurs, des pistes pour la gestion et le suivi du site NATURA 2000 ont été proposées comme par exemple une gestion par rotation temporelle et spatiale favorable au maintien d’une plus grande diversité de milieux. Des outils pour la gestion ont aussi été produits comme un tableau d’aide à la décision en fonction de l’état observé des mares.
Par Jean-Charles MONTAUFIER (Hydrologue/Hydrogéologue), Julien PERRET (Géologue) & Nicolas STEINMETZ (Botaniste/Phytosociologue/Pédologue) chez MICA Environnement
Par Simon RICARD (Hydrologue) & Félix GRIPPON (Hydrologue) chez PERMALAB