Comment améliorer la mise en œuvre de la séquence ERC (éviter, réduire, compenser) en mobilisant de nouveaux outils et en travaillant à l’échelle de la planification territoriale ? C’est le point de départ de la thèse de doctorat de Jules Boileau qui, après trois ans de travail en convention Cifre avec le bureau d’études TerrOïko, a présenté ses résultats en soutenance le 30 juin dernier. Il s’est notamment penché sur l’usage de la simulation numérique dans la définition de la stratégie d’évitement de Nîmes Métropole.
Des technologies pour mieux évaluer les équivalences écologiques
Ses travaux ont d’abord porté sur l’apport de diverses technologies pour mieux évaluer les gains et les pertes de biodiversité lors de projets d’aménagement du territoire. Cette évaluation constitue l’étape clef du dimensionnement des mesures de compensation dans le cadre d’une séquence ERC.
Jules a analysé les 10 principales méthodes d’évaluation utilisées à l’échelle internationale et a identifié, pour chacune d’entre elles, les possibilités de substituer tout ou partie des démarches existantes par l’utilisation de différents outils d’écologie scientifique : la génétique du paysage, l’ADN environnemental, la simulation des dynamiques de populations, et la télédétection.
Conclusion : le recours à ces technologies est susceptible d’améliorer de manière importante les méthodes existantes, en faisant progresser la qualité des diagnostics et en augmentant le potentiel d’automatisation des process, sans pour autant complexifier leur mise en œuvre opérationnelle.
L’usage de la simulation dans la mise en œuvre de la séquence ERC à l’échelle d’une métropole : le cas de Nîmes
Le deuxième axe de la thèse a été plus précisément consacré à l’apport de la simulation dans l’application de la séquence ERC, et notamment la phase d’évitement.
Les travaux ont été réalisés dans le cadre d’une étude confiée à TerrOïko par Nîmes Métropole, qui souhaitait se doter d’un outil d’aide à la décision pour piloter sa stratégie foncière et accompagner les aménageurs dans leur choix d’implantation sur le territoire.
Cette démarche impliquait que la séquence ERC soit repensée à l’échelle du territoire entier de la collectivité. TerrOïko a proposé une méthode combinant technologie et co-construction. Le recours à son logiciel de simulation des dynamiques de population SimOïko, appliqué à 25 espèces emblématiques de la zone d’études, a d’abord abouti à la production d’une carte classant l’ensemble des parcelles du territoire de la métropole selon leur niveau d’importance écologique.
Cette carte a alors été le support de discussions menées en ateliers en concertation avec les acteurs locaux (institutionnels, associatifs, gestionnaires, services techniques…), afin d’identifier de manière plus précise les zones devant faire l’objet d’un évitement lors de futurs projets d’aménagement du territoire.
Résultat de cette méthode : tout en aidant la métropole de Nîmes à lever des blocages persistants, notamment avec les services de l’Etat, elle lui a permis de réduire très fortement son besoin d’acquisition de foncier à des fins de compensation, qui est passé de 800 à 310 hectares (pour une réduction du coût financier de 46 à 10 M€).
A gauche : carte d’importance écologique par parcelle cadastrale, issue de la simulation des dynamiques de population de plusieurs espèces – A droite : carte des zones d’évitement (en rouge), après discussion des résultats de simulation en ateliers de concertation – © TerrOïko
Mieux comprendre les enjeux pour mieux décider
En s’appuyant sur des technologies et des méthodes scientifiques robustes, et en menant l’analyse à l’échelle de vastes zones géographiques, il devient donc possible pour les collectivités et les élus locaux d’intégrer la démarche ERC à leur stratégie de planification territoriale, et ainsi de piloter plus efficacement les projets d’aménagement selon leur impact sur la biodiversité.
La simulation numérique, en particulier, peut réellement être utilisée comme un outil d’accompagnement à une meilleure compréhension des enjeux écologiques et participer à convaincre tous les acteurs de l’importance d’intégrer ces enjeux à l’aménagement du territoire.
Le replay de la soutenance de thèse de Jules Boileau est accessible en cliquant ici :
Christophe Plotard,
Chargé de communication et marketing
Jules Boileau,
Chargé d’études
