Ecologues Egis en prospection, Hippolyte Pouchelle ©
L’équipe génie écologique d’EGIS et en particulier Alexandre Crégu et Valentin Leconnet ont réalisé une expertise sur le Rhône au niveau d’Arles afin de dresser un bilan de la répartition du Gomphe à pattes jaunes au sein de l’aire d’étude définie.
Cette expertise a été réalisée dans le cadre d’études préalables pour un projet autoroutier porté par la DREAL PACA, en continuité avec les protocoles du PNA Odonates sur Beaucaire et Tarascon et en lien avec les acteurs naturalistes du territoire.
Les résultats présentés ici sont issus d’une campagne d’inventaire organisée en deux passages à l’aide d’un canoë sur le Rhône.
Premier passage en Juillet 2021
Afin d’éviter un double comptage des exuvies de Gomphes, Alexandre Crégu et Valentin Leconnet ont collecté toutes les émergences rencontrées le long des berges du Rhône. De ce fait, le passage en août a permis de ne comptabiliser que les nouveaux individus grâce aux exuvies qui seront trouvées.
Pour faire un bilan des espèces contactées sur le Rhône en juillet, voici les effectifs notés :
- Gomphe à pattes jaunes (Stylurus flavipes) : 71 individus / exuvies soit 94,7%
- Gomphe semblable (Gomphus similimus) : 3 exuvies soit 4%
- Cordulie à corps fin (Oxygastra curtisii) : 1 exuvie soit 1,3%
- Autres odonates observés : Calopteryx éclantant (Calopteryx splendens), Calopteryx vierge méridional (Calopteryx virgo meridional), Agrion à larges pattes (Platycnemis pennipes), Agrion blanchâtre (Platycnemis latipes), Agrion de Vander Linden (Erythromma lindenii), Agrion élégant (Ischnura elegans), Orthétrum à stylets blancs (Orthetrum albistylum), Orthétrum brun (Orthetrum brunneum) et Orthétrum réticulé (Orthetrum cancellatum).
Alexandre Crégu ©
On note une abondance de 1/3 des espèces cibles côté ouest et 2/3 côté est du Rhône, cela est dû à la zone de capture (rive droite) et de dépôt (zone lentique, rive gauche) du Rhône.
Le Gomphe à pattes jaunes privilégie les gros troncs ou grosses branches pour émerger mais localement le Faux indigo comporte énormément de sujets ce qui oblige le Gomphe de changer de support d’envol côté est.
La hauteur moyenne des émergences se situent entre 10 centimètres et 60 centimètres mais il arrive que certains spécimens émergent sur divers types de supports flottant (feuilles, plantes aquatiques, déchets anthropiques, grumes) (cf. photos).
Second passage en Août 2021
Un point important est à noter pour ce second passage, le niveau d’eau a significativement baissé depuis l’inventaire de juillet (baisse d’un mètre du niveau d’eau).
Cette différence de hauteur d’eau rend l’accès aux supports d’émergence très difficile étant donné qu’aucun d’entre eux n’est en contact avec l’eau au niveau des berges est (rive gauche). Cela correspond à un marnage d’environ 6 mètres de vase qui séparent l’eau des premiers arbres, tiges, racines…
Le nombre de supports d’émergence est également amoindrit en berge ouest (rive droite).
Bilan des espèces contactées sur le Rhône en août
- Gomphe à pattes jaunes (Stylurus flavipes) : 8 exuvies soit 100%
Les supports d’émergence des 8 exuvies prélevées sont principalement des troncs morts couchés et tiges de Faux-indigo. À noter, une exuvie sur chevelu racinaire.
- Autres odonates observés : Agrion élégant (Ischnura elegans), Anax napolitain (Anax parthenope), Caloptéryx éclatant (Calopteryx splendens), Crocothémis écarlate (Crocothemis erythraea) et Orthétrum réticulé (Orthetrum cancellatum).
En termes de conditions climatiques, un ensoleillement important a été noté lors des deux phases d’échantillonnage et les températures étaient supérieurs à 30°. Toutefois, le mistral était important lors de la session en août et cela entraine une formation de vagues qui peut submerger les exuvies. En revanche, le batillage des bateaux produit des vagues bien plus importantes que le vent, ces dernières se situent entre 50 centimètres et quasiment 120 centimètres pour les bateaux qui naviguent rapidement sur le Rhône.
Alexandre Crégu ©
Notons que ce phénomène peut causer la mort de certains individus lors de la phase d’émergence. De plus, la taille d’un bateau n’est pas le paramètre qui entraine la formation des plus grosses vagues (cas des péniches) mais les bateaux de plaisances qui circulent très rapidement sont ceux qui engendrent les vagues les plus destructives pour les odonates lors du passage au stade imaginal. Un point important, la rive gauche n’est ensoleillée que l’après-midi et cela est un facteur qu’il faut prendre en compte dans la recherche des exuvies.
Le Gomphe à pattes jaunes est l’espèce majeure du secteur. Le graphique ci-dessus permet de le visualiser et d’attester du fait que pour cette espèce, les prospections à l’aide d’un canoë permettent d’augmenter considérablement l’indice de détectabilité de l’espèce. Ce retour d’expérience montre également que l’approche en canoë permet d’avoir un inventaire plus exhaustif qu’une approche plus classique par la réalisation de transects à pied le long de la berge.
Alexandre Crégu
Ingénieur écologue, Egis