Le projet BISON en quelques mots :
Le projet BISON est mené par un consortium de 45 partenaires issus de 16 pays associés sur lequel l’UPGE est largement investi en représentant la troisième force de travail du projet. Il vise l’adaptation des infrastructures de transport dans un contexte de changement climatique en remettant les enjeux de biodiversité au cœur de la réflexion. Nous vous invitons à consulter l’un de nos précédents articles pour en savoir plus (article).
Zoom sur le handbook :
Au cours de ce projet, des membres issus de 6 structures adhérentes à l’UPGE (TerrOïko, Egis, cdc Biodiversité, Naturalia, Biotope et Valhoriz) ont contribué à la rédaction du manuel des bonnes pratiques d’intégration de la biodiversité dans les infrastructures de transport. Ce livrable aura rassemblé plus de 70 personnes à travers 15 pays différents.
Un webinaire lui a été dédié le 26 juin animé par Sylvain Moulherat de TerrOïko dernier dont voici le replay. Une série d’articles est réalisée pour présenter les différents chapitres contenus dans ce handbook.
Chapitre 1 – Concepts généraux (Article à venir)
Chapitre 3 – La séquence ERC (Eviter – Réduire – Compenser)
Chapitre 4 – Intégration dans le paysage
Chapitre 5 – Les solutions du génie écologique
Chapitre 6 – Evaluation et suivi
Les projets d’infrastructures de transport génèrent divers impacts sur les habitats et les espèces ( voir chapitre 1).
Les législations européennes et les règlementations spécifiques des pays requièrent une évaluation de ces impacts sur la biodiversité locale et la mise en place des mesures d’atténuations nécessitent le contrôle de ces impacts. Ces mesures incluent des actions d’évitement, de réduction ou de compensation des impacts pour toutes les nouvelles infrastructures, mais également pour les agrandissements et adaptation des infrastructures existantes (voir chapitre 3).
Le suivi et l’évaluation sont des actions nécessaires afin de comprendre si les mesures mises en place ont été efficaces dans la réduction des impacts sur la biodiversité, et si ce n’est pas le cas, mettre en place des actions correctives et vérifier si elles fonctionnent ou non.
Ce qu'il faut retenir :
- Les actions de suivi associent des observations répétées à des mesures prises en continu, communément afin d’évaluer le changement dans le temps d’un paramètre en réponse à une perturbation ou à une intervention ou pour quantifier le rendement d’un plan ou d’un projet, d’une mesure ou d’une action.
- L’évaluation a pour objectif d’analyser de manière critique, tester et mesurer la conception, la mise en œuvre et les résultats d’un protocole ou projet, en relation avec ses objectifs.
- Le suivi et l’évaluation ont deux objectifs principaux : I) analyser l’efficience des mesures d’atténuation dans l’atteinte des objectifs pour lesquels ils ont été pensé, et II) mesurer les effets du projet sur les objectifs de conservation de la biodiversité.
- Les travaux de recherche constituent un type de suivi et d’évaluation qui vont au-delà des pratiques communes en menant des recherches avancées pour analyser les corrélations ou les causalités d’une intervention ou d’une exposition sur une population. Cela permet d’acquérir des informations précieuses sur non seulement ce qui fonctionne ou non, mais aussi sur le pourquoi, ce qui fondamental pour mettre en place des actions correctives efficaces.
- Le protocole de suivi doit être conçu, discuter et approuvé en même temps que les protocoles d’Analyse d’Impact Environnemental et l’Analyse de Stratégie Environnementale et sera différent en fonction du suivi recherché. Tous les protocoles de suivi devraient : établir un état des lieux de la biodiversité, définir les paramètres de suivi, délimiter le périmètre de suivi, identifier les habitats et espèces à suivre, définir un planning et les méthodes, schémas et techniques à utiliser, et déterminer la forme et le champ d’application des résultats du suivi.
- La planification et la préparation d’un protocole suivi adapté doit se faire à la fin de la phase initiale de la planification stratégique et tout au long des phases du projet, depuis la conception, la construction et la mise en opération jusqu’au démantèlement.
- Etablir des schémas, méthodes et techniques appropriés est fondamental pour assurer la compatibilité et la réplicabilité des activités de suivi.
Actions à mettre en place
- Définir des objectifs précis pour le suivi et l’évaluation permettant d’identifier quels taxons de biodiversité et quelles mesures d’atténuation sont prioritaires au suivi.
- Mettre en place des indicateurs, mesures et outils de monitoring pour l’atteinte des objectifs.
- Penser des méthodes et techniques claires et robustes assurant des résultats réplicables et fiables.
- Proposer un protocole d’échantillonnage et évaluer sa faisabilité dans le cadre budgétaire donnée. Si non réalisable, en proposer un nouveau et/ou une nouvelle méthode et ré-évaluer la faisabilité.Collecter une base de données robuste sur les habitats et espèces présentent sur l’aire d’étude avant la construction du projet.
- Suivre des schémas, méthodes et techniques claires pour la collecte d’informations sur l’aire d’étude concernant les impacts sur la biodiversité des éléments identifiés lors du protocole de suivi.
- Appliquer les principes de management évolutifs en changeant les mesures d’atténuations lorsque le suivi montre que les objectifs ne sont pas atteints.
Manques de connaissances et futures recherches
- Il y a peu de connaissance disponible sur l’impact sur le long terme (plus de 10ans après construction) des infrastructures de transport sur la biodiversité, concernant notamment les dynamiques de population d’espèces à longue durée de vie et les bassins génétiques.
- Plus de recherche sont nécessaires sur l’eco-éthologie, ou l’écologie du comportement. C’est l’étude des stratégies comportementales que les animaux adoptent dans un environnement donné pour maximiser ses chances de survie et de reproduction. Cette discipline peut lier les pressions causées par une infrastructure avec les chances de survie d’une population animale, ce qui peu être important à prendre en compte pour la conception des mesures d’atténuations et la restauration écologique.
- Beaucoup de progrès ont été réalisés ses dernières années sur la modélisation de l’évolution des la présence et de la distribution des espèces dans le temps. Cette modélisation est très souvent basée sur l’apprentissage des ordinateurs avec des logiciels capable d’apprendre depuis un échantillon de données. Cependant, des recherches sur le codage est nécessaire pour créer des algorithmes robustes et efficients.
- L’utilisation des nouvelles technologies comme l’ADN environnemental, le traitement par image, la bioacoustique ou l’automatisation de la collecte de donnée, parmi d’autres, a un fort potentiel pour améliorer l’efficacité et réduire les coûts du suivi et de l’évaluation environnementale.
- L’aire du digital apporte une multitude de nouvelles techniques et approches comme, par exemple, le Building Information Modelling (BIM) ou l’utilisation de capteurs pour prévenir les risques d’accidents, qui peuvent améliorer la conception des infrastructures et leur suivi et évaluation dans le temps.
Par Clélie REYNAUD,
Chargée de missions animation à l’UPGE