L’évolution climatique que nous connaissons, et dont les effets sur notre vie quotidienne commencent à émerger, n’épargne pas les milieux forestiers. Sous l’effet des fluctuations des températures océaniques (El Nino), les chaleurs mondiales 2019 ont dépassées celles de 2017 et 2018, déjà réputées bien au-dessus des normales de saisons.
Aussi, certains microclimats forestiers connaissant des températures proches de la normale et d’autres, en versant sud, connaissent des records. Cette hausse a un impact fort sur le fonctionnement de nos écosystèmes forestiers et de la biodiversité. Cet état influe notablement les paramètres stratégiques évolutifs des espèces, et notamment :
- des conditions positives ou négatives de développement ;
- une modification des habitats d’espèces et des liens fonctionnels ;
- une adaptation métabolique.
Ces aspects ne sont pas sans influencer l’évolution à long terme de la forêt française. En 2019, plus de 200 000 ha de forêt résineuse de plaine a subi les conséquences de cette évolution de la biodiversité.
Les principales causes sont les suivantes :
- des fortes chaleurs occasionnant une forte évapotranspiration et la fermeture des cellules stomatique, reflexe de « défense » utilisé par certains végétaux ;
- un abaissement de la quantité d’eau dans les sols ;
- la propagation d’un coléoptère.
Sous nos latitudes, et d’une manière générale, cette espèce vole au printemps pour se reproduire en atteignant de nouvelle cibles, dès que la température diurne dépasse les 14 à 15 °C . Une femelle peut pondre jusqu’à 1 000 œufs ! L’évolution climatique permet l’obtention des conditions de vol sur une plus longue période de l’année, ce qui a pour incidence, la réalisation de 2 à 3 reproductions annuelles. Il est vrai que les conditions monospécifiques des peuplements résineux augmentent la propagation de l’espèce ; celle de 2019 n’ ayant été réalisée à une vitesse jamais observée à ce jour.
En 2019, plus de 400 000 m3 de bois résineux ont été dépréciés par les conséquences de l’évolution climatique. Cet état de fait déstabilise un marché économique lié à ceux de la construction et de l’aménagement du territoire. À court terme, le maintien de peuplements résineux en dessous de 1000 mètres d’altitude a de fortes chances de ne plus être possible dans les conditions actuelles. Seules les plantations mixtes feuillus/résineux pourront redonner un peu d’espoir à la forêt française, énormément sollicitée en ce début du 21ème siècle.
La forêt est fragile … protégeons-la !
Éric GEOFFROY
Chef de produit national « Environnement/Biodiversité »
ONF