Les populations humaines ont nécessairement des effets divers sur le fonctionnement des écosystèmes dans lesquelles elles vivent : tout être vivant transforme son milieu de vie. En soi, ces impacts sont neutres. Ils peuvent favoriser la diversité des milieux et des espèces ; ainsi les pratiques agricoles conduites en France pendant des siècles ont forgé nos paysages en mosaïques d’habitats : champs, bocage, landes, bois… Mais ces impacts peuvent aussi créer des déséquilibres que l’écosystème peine à intégrer : pollutions, dégradations, homogénéisation des milieux… Si l’homme veut inverser la courbe actuelle d’érosion de la biodiversité, il doit anticiper les conséquences de ses activités sur les écosystèmes.
Comment intégrer la biodiversité dans les activités économiques ?
Aujourd’hui, l’économie intègre ses externalités sur la biodiversité principalement lors de la réalisation des projets d’aménagement, à travers la séquence « éviter, réduire, compenser ». Le maître d’ouvrage doit évaluer les impacts directs et indirects de son projet sur les différents compartiments de l’écosystème, limiter autant que possible ceux-ci, puis compenser ceux qu’il ne peut éviter pour arriver à un équivalent de « zéro perte nette » de biodiversité.
C’est donc à l’échelle du projet que l’économie se soucie, par contrainte réglementaire, de ses impacts négatifs sur l’écosystème. On comprend facilement que ces démarches, pour vertueuses qu’elles soient, ne peuvent répondre aux enjeux de reconquête de la biodiversité. Elles peuvent limiter la dégradation des milieux voire, localement, améliorer leur état, mais elles ne constituent pas une stratégie de gestion des enjeux écologiques sur le territoire puisque ce n’est pas leur objectif.
Changer d’échelle : du projet au territoire
Il faut donc changer d’échelle, et encourager les territoires à piloter la gestion de leur biodiversité. Cela seulement permet une approche cohérente, globale et de long terme. Les documents d’urbanisme sont des outils déterminants. Contrairement à ce qu’indique leur nom, leur champ ne se limite pas à la ville mais s’intéresse à l’aménagement de tout le territoire.
Aujourd’hui, les différents documents, du PLU / PLUi au SRADDET en passant par le SCoT, doivent réglementairement intégrer les enjeux écologiques, notamment dans le cadre de leur évaluation environnementale, et devraient permettre de mener un pilotage territoriale efficace de la biodiversité. On en est encore loin, mais on avance : de nombreuses initiatives fleurissent, qu’il faut encourager.
La démarche, déjà entreprise par certaines collectivités, consiste d’abord à connaître son territoire et identifier les principaux enjeux écologiques pour ensuite les intégrer à la planification. Ainsi, il est possible de préserver les espaces les plus sensibles, d’anticiper les impacts, de mutualiser les efforts de restauration écologique et de gérer à long terme la biodiversité sur son territoire.
[Atelier collectivités] Documents d’urbanisme et biodiversité
Suivant ces constats, l’UPGE s’investit pour faire le lien entre les professionnels du génie écologique et les collectivités. La première action voulue par les membres du groupe de travail UPGE Planification territoriale des enjeux écologiques piloté par Anne-Lise Bonin (Acer campestre) a été l’organisation d’un atelier d’échange entre les adhérents de l’UPGE et des fédérations de collectivités locales. La journée, organisée le 28 novembre dernier par l’UPGE avec l’Assemblée des communautés de France (AdCF), la Fédération nationale des SCoT (Fedescot) et le Club PLUi a permis aux acteurs de confronter leurs points de vue et de faire émerger les principaux enjeux qui amèneront à l’animation de futures journées dédiées. Si le sujet vous intéresse, n’hésitez pas à vous rapprocher de nous.
Thomas Redoulez
Délégué général de l’UPGE