©️Auddicé biodiversité
Il est maintenant bien documenté que les éoliennes puissent générer de la mortalité chez les espèces volantes. Mais qu’en est-il des effets potentiels sur l’utilisation des habitats de chasse et de déplacements par les chiroptères ? A travers sa thèse – co-encadrée par le Muséum National d’Histoire Naturelle et le bureau d’études Auddicé – Camille Leroux apporte des éléments de réponse et des pistes pour réduire l’impact des éoliennes sur les chiroptères.
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Les travaux réalisés lors de cette thèse montrent qu’en phase d’exploitation les éoliennes peuvent générer à la fois des comportements d’attraction et d’évitement. Ces réponses comportementales d’attraction et d’évitement sont susceptibles d’engendrer des risques accrus de mortalité et des pertes d’utilisation des habitats, respectivement.
Les résultats de cette thèse montrent que la nature de ces réponses comportementales varie selon :
- L’attractivité de l’habitat considéré(1)
- L’exposition à l’effet de sillage généré par les éoliennes(2)
(1)Ces résultats mettent ainsi en évidence que l’implantation d’une éolienne à proximité immédiate de haies (<43m) va engendrer une perte d’utilisation d’habitat au niveau du site d’implantation de l’éolienne (diminution d’activité) tandis qu’une éolienne implantée un peu plus loin peut générer de l’attraction pour certains groupes de chiroptères et donc des risques accrus de collisions.
(2)Par ailleurs, on constate une forte diminution de l’activité des chiroptères au niveau de haies exposées à l’effet de sillage derrière les éoliennes.
Enfin, des résultats préliminaires suggèrent que le balisage lumineux des éoliennes joue un rôle dans l’effet de ces dernières sur l’activité des chiroptères au niveau des haies.
©️Auddicé biodiversité
Quels leviers de réduction des impacts des éoliennes sur les chiroptères ?
Afin de réduire l’impact des éoliennes sur l’utilisation des habitats par les chiroptères et de mieux concilier développement des énergies renouvelables et conservation de la biodiversité, deux mesures majeures découlent de ces travaux :
- Eloigner les éoliennes des haies. Les lignes directrices UNEP/EUROBATS pour la prise en compte des chauves-souris dans les projets éoliens recommandant une distance d’au moins 200 m des habitats importants pour les chauves-souris (« les rangées d’arbres, les haies du bocage, les zones humides et les cours d’eau »).
- Positionner les éoliennes de façon à minimiser la quantité d’habitats pour les chiroptères située en aval de l’éolienne par rapport aux vents dominants.
La mise en place de ces recommandations pourrait permettre de mieux concilier développement d’énergies renouvelables et conservation de la biodiversité.
Camille LEROUX,
Responsable R&D chez Auddicé biodiversité