Haldes de l’ancienne mine de plomb-zinc des Avinières, Techdrone ©
La commune de Saint Laurent Le Minier (30) se situe sur la bordure Sud des Cévennes, une zone naturellement riche en métaux. Les gisements de plomb et de zinc ont permis l’essor de l’activité minière et industrielle sur la commune à la fin du XIXème et au XXème siècle. Cette activité a laissé des traces, et parmi elles, l’ancienne mine de zinc des Avinières qui surplombe la vallée de la Vis nécessite d’être mise en sécurité et remise en état.
La mine a été exploitée de 1875 à 1914, principalement à ciel ouvert. Les stériles d’exploitation (ou haldes minières) étaient déversés à flanc de coteau.
Plus d’un siècle après la fin de l’exploitation et en l’absence de tout travaux de réaménagement, le contexte topographique (pentes de l’ordre de 30 à 35°) et climatique (zone soumise aux épisodes pluvieux cévenols), associés à la forte teneur en métaux des stériles (2 à 5% de plomb, 4 à 5% de zinc), induisent une érosion active des haldes empêchant toute recolonisation naturelle du site par la végétation.
Une étude de plan de gestion réalisée sur le site a montré que les envols de poussières et l’érosion par les eaux de ruissellement des matériaux chargés en métaux entrainent une contamination de l’environnement. Cependant, le contexte géologique carbonaté du site n’entraine pas de migration des métaux et métalloïdes vers les nappes souterraines.
L’ADEME intervient sur ce site en tant qu’établissement public mandaté par l’état pour mener les actions de mise en sécurité de sites pollués à responsables défaillants. Les travaux sont réalisés dans le cadre d’un arrêté préfectoral de travaux d’office.
La solution de mise en sécurité du site retenue par l’ADEME est de supprimer les voies d’exposition par la mise en place d’une couverture végétale permettant de bloquer les envols de poussières et l’érosion hydraulique du site afin de réduire les risques pour les riverains.
La spécificité de ce chantier est la mise en place d’une technique innovante de phytostabilisation des haldes à l’aide des espèces métallicoles du site.
Les nombreuses études agronomiques réalisées sur le site, notamment par FERTIL’INNOV (assistant maître d’ouvrage pour la phytostabilisation) ont permis d’établir le protocole de phytostabilisation. Les teneurs en métaux des haldes sont tellement élevées que les espèces végétales du commerce n’arrivent pas à se développer sur le site. La solution de phytostabilisation retenue passe donc par l’utilisation des espèces métallicoles du site qui ont développé une tolérance et une résistance aux métaux présents dans les sols localement.
Parcelles d’essais sur site testant les différents protocoles de phytostabilisation, MICA Environnement ©
Cette solution a nécessité la réalisation d’une première tranche de travaux, avec en 2019, la réalisation de planches d’essais, la récolte de semences sauvages métallicoles du site, la mise en place d’une pépinière à proximité et l’ensemencement d’une dizaine d’espèces sélectionnées. Les parcelles de culture ont permis la récolte d’une centaine de kg de semences depuis 2019, qui serviront à la phytostabilisation finale du site.
Pépinière d’espèces locales métallicoles du site des Avinières, MICA Environnement ©
MICA Environnement intervient en tant que maître d’œuvre et a conçu le projet de mise en sécurité du site.
Ce projet allie la réalisation de terrassement des haldes pour en abaisser les pentes et stabiliser les matériaux, la mise en place d’un réseau de gestion des eaux afin de maitriser les écoulements et stopper l’érosion, la mise en sécurité d’anciennes galeries minières tout en préservant leur fonctionnalité pour les chiroptères et la création de fascines pour traiter les ravines situées en fortes pentes et inaccessibles aux terrassements.
Enfin, les haldes seront enrichies par un apport de compost avant la mise en œuvre finale de la phytostabilisation au printemps 2022 par le semis des semences métallicoles produites en pépinière depuis deux ans.
Les travaux se feront sous couvert de mesures de maitrise de l’empoussièrement (brumisation) et un suivi environnemental de l’air et de l’eau sera réalisé pendant les travaux afin de vérifier l’impact des travaux sur l’environnement.
Le site fera ensuite l’objet d’un suivi pendant deux ans afin de contrôler et éventuellement corriger le développement de la couverture végétale.
Perspective paysagère du projet de mise en sécurité du site des Avinières, 2BR – MICA Environnement ©
Pierre Rosler
Chef de projet, MICA Environnement